Le désert, du sable à perte de vue et le canyon au loin. Le blanc du sable contraste avec le noir rouillé du chemin de fer qui passe outre, même sa matière métallique ne reflète aucun rayon du soleil de plomb qui torture le sable brûlant du paysage. Le bleu du ciel est éventré par la fumée grisâtre du wagon de tête et le silence de mort auparavant roi se voit détrôné par le bruit de la locomotive.
Les deux derniers wagons n'ont de cesse de rebondir derrière leurs confrères, et cela n'a rien à voir avec la joie.
Un wagon plus boisé, moins rouillé que les autres contient des vies humaines. Un bras pendouille sur l'une des fenêtres sans rideaux du wagon passager. Derrière cette fenêtre se trouve un homme affalé contre le mur, une énorme valise, presque massive à ses pieds. Tout son corps, à part son visage caché par un vieux chapeau mourant, témoigne de son sommeil profond. Soudain, le train s'arrête brutalement, il freine comme si il venait de percuter un roc. La violence de l'arrêt n'a pas manqué de faire subir à la tête du somnolent un choc contre le siège devant lui, et c'est ainsi qu'il se réveille, comateux. Le voyage est fini.
Les portes s'ouvrent et laissent passer divers passager, des riches, des pauvres, des grands, des petits, des vieux et des moins vieux, des jeunes et des moins jeunes...
Derrière cette foule bruyante sort enfin l'homme qui fut tiré de son sommeil à cause de la mauvaise manœuvre du conducteur de la locomotive.
Son pied passe difficilement la marche et enfin il se retrouve sur un sol stable, celui de....
Dodge City
La locomotive repart avec de nouveaux passagers, laissant seul l'homme devant le destin qu'il ira se bâtir dans cette ville réputée gorgée opportunités. L'homme laisse tomber avec fracas son énorme valise et contemple un instant ce qui sera sa nouvelle demeure. Sous son vieux chapeau, dans son vieux manteau, à côté de sa vieille valise et le visage orné d'une moustache qui vieillit de jour en jour, l'homme pousse un soupir d'admiration et de soulagement à la fois.
Il en tomberait de fatigue tellement ses paupières sont lourdes, alors il se dirige vers le saloon, au travers des rues sableuses de la ville qui engendrera la nouvelle vie d'un nouvel homme.
Cet homme, c'est moi, Rafael Salvatore.
>>>>